Située comme son nom l’indique, la presqu’île du Cotentin est presque une île. Maritime sur trois côtés, elle nous invite à découvrir chacun de ses recoins. 

C’est pourquoi notre biker Cherbourgeois Jean-Pierre, amoureux de sa Normandie natale, nous a concocté une longue sortie pour une belle découverte du Nord de la presqu’île. Trois jours et plus de mille kilomètres sont alors au programme pour une belle aventure sur les côtes Nord du Cotentin.

Rendez-vous nous donné un vendredi en début d’après-midi et après le briefing habituel notre grand convoi peut prendre le départ. Ce jour-là nous sommes toutes et tous bien équipés pour un long parcours pour cause de mauvais temps prévoyant de la pluie ⛈️. Nous avons du braver la grêle et avons pu contrôler l’étanchéité de nos tenues de pluie. Mais rien n’arrête un biker HD averti et après deux pauses, l’une sur l’aire de Beuzeville Nord et l’autre en Centre Commercial de Caen pour récupérer Delphine, nous nous arrêtons une dernière fois avant notre arrivée, lors d’une rare éclaircie, sur la grande place de l’Eglise de Sainte Mère l’Église.

                      

Après 365 km de route « bien arrosée » ☔nous sommes bien heureux d’arriver à Siouville-Hague où nous allons pouvoir poser nos bagages et nous sécher. Petite station balnéaire située  sur la côte Ouest du Cotentin à 20 km de Cherbourg dans le département de la Manche, cette commune littorale possède une belle et immense plage de sable fin . Ce site est réputé pour la pratique du surf, du char à voile  et de la planche à voile. Vous comprendrez bien qu’il n’est pas nécessaire de se rafraichir en bain de mer pour l’instant 🤪😊 

C’est donc au « Manoir de Valciot », après une montée et un stationnement un peu glissant, que nous allons pouvoir prendre nos appartements. Demeure seigneuriale du XVIe siècle en position dominante sur la mer à 300 m il fût bâtit en 1558 par le Duc de Bazan et peut accueillir jusqu’à 34 personnes. Il comporte plusieurs corps de bâtiments que nous allons habiter durant deux nuits en pension complète. Après avoir pris nos chambres communes respectives, avec belles vues sur la mer et la plage pour certains, et déposés nos valises un bon repas bienvenu nous attend en réfectoire. Une belle vue aussi nous est offerte sur la Manche où l’on peut deviner sur la droite la pointe de la Hague et face à nous le bout d’une des Îles anglo-Normandes de Guernesey.

           

 

De bon matin, après une bonne nuit de repos bien mérité et un bon petit déjeuner, notre Road Captain normand nous emmène par de petites routes normandes à Saint-Vaast-La-Hougue où nous allons pouvoir emprunter, la première fois pour certains, un bateau amphibie pour nous rendre sur l’Ile Tatihou. Site majeur de l’œuvre de Vauban, situé sur la côte Est du Nord-Cotentin et abritant un port de plaisance, Saint Vaast La Hougue a été élue « Village préféré des Français » en 2019. Elle présente les tours observatoires de Tatihou et de la Hougue, inscrites en 2008 au patrimoine mondial de l’humanité dans le cadre de l’ensemble « fortification de Vauban » et au Sud, le fort de la Hougue, construit par Benjamin de Combes, base militaire ouverte une fois par an au public lors des journées du patrimoine. C’est dire combien cette visite est incontournable sur ce beau site du Cotentin.                                                                                          

Saint-Vaast-La-Hougue, Le port de plaisance et la tour de la Hougue

JP nous a réservé la visite de l’Île Tahitou située juste en face du port. Le seul moyen de transport fiable à la fois en mer et sur terre est un beau bateau amphibie équipé de quatre roues qui vogue à marée haute et roule à marée basse. Nos montures vont alors se reposer au port pour que notre petite troupe embarque et vogue sur Tahitou III en compagnie d’autres passagers. Je ne vous cache pas l’amusement et la joie de nos grands enfants bikers privés de leurs montures qui, une fois à bord, se transforment en « mousses chantants » et une ambiance vocale improvisée de la marine PDFC de bâbord à tribord au rythme agité de la houle nous accompagne durant toute la traversée.

                       

Une fois pieds à terre un guide nous attend pour nous conter l’histoire de cette île qui se lira partout où nous nous trouverons ensuite en visite accompagnée.

Tatihou, île côtière française située au nord-est du Cotentin dans la rade de Saint-Vaast-la-Hougue  d’une superficie de 29 hectares, appartient au Conservatoire du littoral et n’est pas habitée de manière permanente. Elle a fait l’objet de nombreuses fouilles archéologiques, au large dans un premier temps en contexte sous-marin puis sur terre à l’occasion de fouilles préventive puis d’un programme de recherche. Son patrimoine, plutôt étonnant pour une île de si petite taille, se compose :

  • Du fort de Tatihou construit en 1694, après la bataille de la Hougue (opposant les vaisseaux de Louis XIV à la flotte anglo-hollandaise), dont la tour Vauban (XVIIIe siècle), inscrite avec son homologue de la Hougue au patrimoine mondial par l’Unesco depuis 2008. À l’intérieur des fortifications (XIXe siècle) se trouvent aussi une chapelle (fin du XVIIIe siècle), un magasin à poudre (XIXe siècle) et une caserne devenue un restaurant ;
  • de l’ancien lazaret, crée en 1723, afin d’assurer le contrôle sanitaire des vaisseaux provenant du Midi touché par la peste. Situé dans la partie ouest de l’île, il est entouré d’une enceinte avec meurtrières. À l’intérieur de celle-ci on construisit à partir de 1822 un hôpital qui sera aménagé, à partir de 1888, en laboratoire afin d’accueillir les chercheurs de Muséum d’histoire naturelle qui y séjourneront régulièrement jusqu’en 1923 ; Il abrite le musée maritime, un jardin botanique, un atelier de charpente navale et des bâtiments d’hébergement ;
  • d’une réserve ornithologique de trois hectares, établie en 1990, implantée dans la plaine derrière la tour Vauban et dans le fort de l’Ilet, corps de garde crénelé de 1846 et qui accueille plus de 150 espèces différentes au fil des saisons ;
  • d’une maison des douaniers (1805), au-dessus de l’embarcadère ;
  • d’un jardin botanique d’environ 800 m2 ainsi qu’un jardin maritime regroupent plusieurs centaines d’espèces du littoral.

       

 Après ce beau moment de culture et une longue marche en visite du site et de son riche patrimoine nous allons déjeuner au restaurant du Lazaret. Le ventre plein et l’heure venue de retourner sur le continent nous voilà repartis en mer pour rejoindre nos motos et pouvoir rouler sur deux roues pour un Run normand en exploration de cette belle presqu’Île du Cotentin d’Est en Ouest. Nous empruntons de belles routes passant par Fermanville  avec de belle vues côtières et terrestres sauvages en région de La Hague en compagnie d’un temps un peu couvert et une pause à Omonville-La-Rogue au Port du Hâble ensoleillé. Chacune et chacun peut se prélasser face à la mer ou reprendre des forces autour d’une bonne bière ou d’un café. Ce moment de détente au soleil est le bienvenue et promet un retour au gîte plus lumineux.               

                     

Nous repartons pour essayer de toucher la pointe Nord direction Goury par Saint-Germain-des-Vaux, pour descendre ensuite en côte Ouest par le Nez de Jobourg où notre arrêt incontournable est spectaculaire et magnifique face à la mer déchaînée par ce grand vent du large et cette belle côte déchiquetée que borde la Manche. Nous pouvons profiter d’une vue imprenable.

Le Nez de Jobourg ressemble à une grosse bosse de dromadaire. Par beau temps, on peut voir l’île anglo-normande d’Aurigny depuis le Nez, avec parfois l’impression qu’elle flotte au milieu des nuages. Les falaises du Nez de Jobourg figurent parmi les plus hautes d’Europe. Culminant à 128 mètres de hauteur. En temps bien dégagé cet impressionnant promontoire rocheux offre un spectacle exceptionnel et un panorama unique qui s’étend depuis la Pointe de Goury jusqu’aux îles anglo saxonnes. L’emplacement géographique et la hauteur du Nez de Jobourg en ont fait pendant longtemps le poste de surveillance maritime de prédilection pour tracer les déplacements des navires dans le raz Blanchard. Mais il se cache également des merveilles au pied de ces falaises qui, creusées par la mer et le vent, ont créé des grottes surprenantes, par ailleurs objet de nombreuses légendes.

                   

La route des caps s’étendant de Surtainville à Cherbourg, vallonnée, verdoyante, déchiquetée par des falaises abruptes où se nichent des criques de galets ou d’immenses plages de sable fin, sont les bijoux du Cotentin et le paradis des amoureux de la nature. La journée bien remplie nous descendons ensuite sur Siouville-Hague où notre repas du soir nous attend ainsi que notre dernière soirée et nuit en gîte.

Notre dernière journée va se consacrer à Cherbourg et sa “Cité de la Mer” avant notre retour.

La matinée en Cité de la Mer de Cherbourg commence par la rencontre avec un membre la famille de JP, Roger, qui a servi au sein du plus grand sous-marin visitable au monde « le Redoutable ». Un grand merci à Roger qui nous aura captivés par les souvenirs d’un sous-marinier à bord.

Premier Sous-marin Nucléaire Lanceur d’Engins  (SNLE) construit en France en 1964, entré en service en 1971 Le Redoutable est le 76ème sous-marin construit à l’Arsenal de Cherbourg. L’engin est en service actif pendant une vingtaine d’années pour la Marine Nationale dans le cadre de la stratégie française de dissuasion et fait partie d’une classe de sous-marins qui comprenait  6 navires, propulsé par un réacteur nucléaire à eau pressurisée, et emportant 16 missiles à tête nucléaires. Il peut accueillir 135 membres d’équipage pour des missions de 70 jours sans revoir la surface. En 20 ans de service il a effectué 51 patrouilles. Désarmé et dénucléarisé en cale sèche il est aménagé pour la visite à l’ouverture de La Cité de la Mer à Cherbourg-Octeville le 29 avril 2022.

           

Nous pouvons ensuite tourner autour de cet énorme monstre de 128 mètres de longueur sur 10.60 mètres de largeur, pesant 8000 tonnes et pouvant se déplacer en plongée à plus de 20 nœuds (36 km/h). Difficile d’imaginer ce mastodonte en action sous-marine en immersion maximale supérieure à 200 mètres.

Après un bon repas au restaurant de la Cité nous passons à bord pour une visite individuelle audioguidée. Chacun les oreilles « casquées », en ligne indienne, monte à bord et circule à bord du vaisseau pour 35 minutes d’immersion totale. Nous avons pu circuler dans des couloirs étroits nous menant aux différents lieux de vie des sous-mariniers : salle des machines, poste de commandement, cafétéria, cabines de l’équipage et des officiers, salle des torpilles.

                                          

Une fois sortis à ciel ouvert, les yeux émerveillés et admiratifs nous étions libres en visite des autres secrets de l’Océan proposés en la Cité de la mer :

« Océan sur écoute » nous plongeant dans l’univers sonore des océans : Silence dansle bord, le club des bidous, à l’écoute de l’océan, dans le secret des oreilles d’or et PNCO simulateur au poste de pilotage,

« L’océan du futur » sur 3 étages en observation de 17 aquariums dont l’Aquarium Abyssal, 

Et «Titanic, retour à Cherbourg » en l’ancienne gare maritime où défilent les images et témoignages sur le plus grand exode de l’humanité et sont exposés les objets oubliés dans les fonds marins lors de son naufrage.

Mais le temps passe vite et l’heure du retour sonne et c’est sous un grand soleil que nous devons regagner nos motos pour 360 km et 4 heures de routes.

Un grand merci à JP et Christelle pour l’organisation au top de ces 3 journées de découvertes du Cotentin autour de Cherbourg, très belle région normande, territoire unique par sa nature, ses paysages et sites innombrables à découvrir absolument.